Des nouvelles de Limoilou

Des nouvelles de Limoilou

C’était pas beau ton Limoilou mon oncle

 

4e avenue en 1972 bnn.jpg

 

 

 
On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
Le Petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry

 

 

Je regardais de vieilles photos de Limoilou avec ma nièce quand elle me dit :

 

- Coudon mon oncle, ton Limoilou c’était pas ben ben beau…

 

Je n’ai pas su quoi répondre. J’aurais pu lui dire que les photos étaient en noir et blanc, que l’architecture des maisons était plutôt « passée date » selon les critères actuels, que les goûts ne se discutent pas, que certains jeunes trippent sur le vintage, sur les années 50, mais pas elle, que…Je n’ai rien dit.

 

Je suis d’une autre époque et je l’assume pleinement. Ce qui manque aux photos ce sont les souvenirs qu’elles évoquent, ce qui ne se voit pas, ce qui est dans un racoin de notre tête et qu'on ne peut pas partager.

 

Une photo de ruelle de Limoilou et c’est ma gang de chums qui apparaissent, nos parties de baseball improvisées, les marchands ambulants, les cris de nos mères quand arrivait l’heure des repas.  Je les entends presque. Et c’est beau. Mais comment  partager tout ça devant un simple cliché ?  

 

Une photo de la rue de mon enfance et c’est la chaleur des voisins, le bonheur de notre chez nous.  Et c’est beau et bon.  

 

Je n’en veux pas à ma nièce. Elle est plus condo moderne que vieilles maisons de brique collées les une aux autres. Un jour, ses enfants lui diront peut être que le quartier de son enfance était plutôt moche lorsqu’elle leur montrera ses vieilles photos sur son téléphone intelligent.  Qui sait ?

 

Je sais qu’aux yeux du souvenir, tout est toujours plus beau. Et je vis bien avec ça.



10/04/2016
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