Des nouvelles de Limoilou

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Les vaches ne regardent plus passer les trains

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          Dans les années 1950, prendre le train pour aller voir la parenté à Batiscan ou à Rivière du Loup était une expédition pour l’enfant que j’étais.

 

Les trains de cette époque étaient tirés par d’immenses locomotives à vapeur, de véritables monstres qui dégageaient une fumée noire et qui faisaient un bruit d’enfer.

 

Lorsque nous passions près d’un champ, les vaches arrêtaient de brouter l’herbe et elles nous regardaient passer. Une vache, à part ruminer, n’a pas grand- chose à faire et le passage du train était surement le grand moment de sa journée. Une sorte de pause dans son broutage qui était une tâche monotone j’imagine. Une façon de tuer l’ennui.

 

Ma sœur et moi nous comptions les vaches entre les gares, que l’on appelait stations. Une sorte de concours pour passer le temps. Il y avait comme un pacte entre nous et les ruminants : "Vous nous regardez, on vous regarde" semblaient dire les gros yeux des vaches. Et tout le monde était heureux.

 

Mais les choses ont bien changé. Les enfants d’aujourd’hui qui voyagent en train sont trop occupés à jouer sur leur tablette électronique pour regarder les vaches. Et les vaches modernes ont compris qu’elles n’intéressaient plus personne. Quand un train passe, elles ne relèvent plus la tête. Elles continuent à brouter l’herbe.

 

Les vaches ne regardent plus passer les trains. Elles aussi sont entrées dans le monde de l’indifférence. Tout ça a commencé entre les vaches et les humains et maintenant les humains ne se regardent même plus tout occupés qu'ils sont à fixer leur téléphone portable... C'est vache ça!

 



20/04/2021
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