Des nouvelles de Limoilou

Des nouvelles de Limoilou

Aller à l’Expo Provinciale avec ma première blonde puis…

expo québec.jpg

 

Août 1958

 

J’y pensais depuis des semaines : inviter ma belle voisine Suzanne à l’Expo et espérer devenir son chum après cette sortie qui serait sans doute magique.

 

J’avais douze ans. La blonde Suzanne avait le même âge.  Timide pour les affaires de cœur, comme tous les ados, je n’osais lui déclarer ce que je croyais être de l’amour.

 

Puis un jour je me suis décidé. C’est en bafouillant que je lui demandé de m’accompagner au grand événement de l’été, l’Expo de Québec.  Et elle a dit oui, à mon plus grand bonheur. Cette sortie en couple était une vraie déclaration d’amour, non ?

 

Mais la jolie Suzanne m’a demandé si une de se amies, Jojo, pourrait venir avec nous. Quelle déception.  J’ai donc imaginé le scénario suivant : mon  chum Ti-Gilles, toujours prêt à rendre service, accompagnerait Jojo.  Ce serait une sortie à deux couples.

 

Et enfin le grand soir est arrivé.  Main dans la main, Suzanne et moi suivis de Ti-Gilles et Jojo, nous sommes partis de la 14e rue à pied pour le Parc de l’Exposition.

 

Tenir la main de ma future blonde me rendait si heureux et fier.  Je devenais un homme, du moins je le pensais en voyant le regard étonné et admiratif de mes amis assis sur leur galerie.

 

On a visité rapidement le Palais du commerce, celui de l’agriculture pour le plus vite possible aller dans les manèges.

 

C’est dans la grande roue que  j’avais planifié embrasser pour la première fois Suzanne. C’était dans mon scénario mais je n’ai pas osé.  Ce serait donc au retour, quand je la reconduirais chez elle. On se seraient assis dans les marches d’escalier et…

 

Après avoir eu peur dans plusieurs manèges, mangé de la barbe à papa et essayé de gagner un toutou en lançant une balle nous avons pris l’autobus pour le retour coin 4e avenue et 14e rue.

 

Ce serait bientôt le grand moment, le baiser tant attendu. Mais…

 

En descendant de l’autobus,  une voix venant de la galerie des Huot a crié : « André, va vite à la maison, ton père est mourant ».

 

J’ai couru comme un fou.  En arrivant chez moi, il y avait un prêtre et un médecin au chevet de papa.  J’ai juste eu le temps de lui dire quelques mots…

 

Mon père est décédé ce soir là d’un infarctus.  Il avait 58 ans.  Ce qui s’annonçait comme le plus beau soir de ma jeune vie s’est transformé en cauchemar.

 

 

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28/08/2015
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