Des nouvelles de Limoilou

Des nouvelles de Limoilou

Julie

 

 

Dumais, sur la 14, s’arrêtait me chercher à tous les matins pour aller jusqu’à Jean de Brébeuf. C’était à peine à dix minutes de chez nous. Un lundi matin, en tournant le coin de la 8 avenue et de la 15e rue, Dumais et moi avons eu le plus grand choc de notre adolescence. La plus belle fille au monde venait d’emménager sur la 8e. Elle sortait de chez elle et elle marcha devant nous sans doute pour aller à Marie de l’Incarnation.

 

Elle avait de longs cheveux noirs bouclés et tout le kit qui rend les garçons si excités… mais surtout une aura semblait l’envelopper.

 

En la voyant, on a eu une révélation comme la révélation de Saint Paul sur le chemin de Damas.  Lui, il est tombé de cheval en voyant une lumière venant du ciel et nous, qui étions à pied, on a vu comme une lumière qui enveloppait la belle devant nous.

 

Nous sommes arrivés à l’école encore émus par cette vision. La belle inconnue venait de changer nos vies.

 

Nous avons donc cherché à en savoir plus en parlant à des copines de Marie de l’Incarnation au retour de l’école.

 

- Y as-tu une nouvelle à ton école, demandais-je à Jojo ? Une fille avec des cheveux noirs frisés ? À reste sur la 8.

 

- Ouin,  Julie j’pense. À parle pas beaucoup. À vient de déménager.

 

Julie, quel beau nom. Julie la douce, Julie la mystérieuse.

 

Les jours suivants, Dumais et moi on s’arrêtait au coin de la 8e et on attendait que Julie sorte de chez elle pour la suivre. Nous étions deux grands timides, trop gênés pour l’aborder. Notre petit manège dura jusqu'à la fin des classes.

 

L’été venu, quand j’allais à l’Épicerie Simard, je faisais un détour juste pour l’apercevoir. Quand on faisait du bicique, on tournait en rond devant sa maison. Ma run de journaux ne m’amenait pas sur la 8e mais j’y passais quand même. Le dimanche, je m’assoyais derrière une fille aux cheveux noirs bouclés en espérant que ce serait elle. Julie était devenue une obsession.

 

Quand les classes reprirent en septembre, Dumais et moi  avons prié très fort pour que notre belle soit encore au coin de la 8 et de la 15. Elle y était, marchant vers son école.

 

Le 15 septembre, je m’en souviens comme si c’était hier, ce fût le choc. Julie sortit de chez elle  et elle rejoignit Gendron, le playboy de Jean de Brébeuf, le tombeur. Ils se prirent la main et marchèrent ensemble en s’embrassant.

 

À partir de ce jour maudit, Dumais et moi on a décidé de partir plus tard pour l’école pour ne pas revoir Julie et son amoureux.

 



25/05/2020
1 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 59 autres membres