Des nouvelles de Limoilou

Monsieur Stationnement, 
Avenue d’Assise, Limoilou, Québec

Je l’appelais « Monsieur stationnement ». Je n’ai jamais su son nom. Sa maison était à deux (ou trois) pas du Colisée de Québec. C’est là que mon beauf stationnait sa voiture quand nous allions aux Nordiques, dans le bon vieux temps.

Monsieur stationnement chargeait 7 piasses pour  nous laisser utiliser une des cinq places sur son terrain.  Bon prix comparé aux 10 piasses sur le terrain du Colisée mais surtout on pouvait sortir plus vite de chez Monsieur stationnement après le match que du parking du Colisée.

Sur sa rue, il y avait au moins six autres « parkings » privés comme le sien. D’ingénieux petits entrepreneurs qui profitaient de la présence des Nordiques pour faire un peu d’argent. 

Vêtu de sa veste jaune orange de signaleur routier et de sa lampe de poche, il était là devant son entrée à chaque match, même par les grands froids, criant « parking pas cher, parking » et  invitant d’un geste de la main les automobilistes à se stationner chez lui.  

Et ça marchait à tout coup. Faut dire que les cinq espaces de stationnement trouvaient preneur rapidement.   Mais il fallait arriver tôt.

Quand le match était fini, c’était sa femme qui faisait la circulation devant sa maison pour permettre à ses clients de sortir plus vite.  Elle enfilait la veste orange de son mari et oups, elle devenait la police  de la rue. Elle était efficace cette dame.  Je soupçonne que Monsieur stationnement allait voir les Nords avec ses gros profits de 35 piasses et qu’il se payait une couple de broues…

Je n’ai jamais su ni l’âge ni le nom de Monsieur stationnement et de sa femme. Mais ils n’étaient plus jeunes jeunes…Ils sont probablement partis vivre dans une résidence pour personnes âgées depuis ces jours lointains.

Quand le nouveau Colisée reprendra vie, il y aura, j’en suis sûr, d’autres Monsieurs stationnement sur les rues voisines. Peut-être les enfants de notre Monsieur stationnement? 

Qui sait.  Et Limoilou redeviendra « hockey », comme avant.