Des nouvelles de Limoilou

Nous aurions pu chanter chez nous « Si on avait eu un char » car on n’avait pas d’auto.  Entre la 14e et la 15e rue, tout l’monde avait une automobile...du moins les propriétaires de maisons.  

On avait un garage qui donnait sur la ruelle mais on le louait à un voisin.  Mon père avait bien parlé d’en acheter un mais il avait changé d’idée.

Un char, pourquoi?  Nous avions tout à portée de la main dans Saint Fidèle. Tous les commerces étaient à proximité.  Pour aller en ville? L’autobus passait devant la porte.  Et puis j’avais mon bicycle qui me donnait la liberté d’aller où je voulais.  Alors, pourquoi avoir un beau char?

Moi j’aurais aimé avoir un char pour les dimanches d’été, oui, les dimanches plattes quand tout mes amis sautaient dans l’auto de leur père pour aller faire un tour d’auto. 

Je le voyais tôt le matin mettre dans leurs immenses coffres arrière les paniers à picnic et tout le tralala nécessaire pour leur excursion en famille. Ils riaient en se voyant déjà sur le bord d’un lac ou  chez des parents à la campagne.

La veille, ils avaient lavé et astiqué la voiture pour la grande sortie dominicale. Ca devait briller ce char là pour prendre la route vers l’Ile d’Orléans ou bien Portneuf ou seulement pour un no where comme on disait.

Je les enviais ces chanceux. Moi, je resterais sur la galerie à regarder passer les chars et de temps en temps je ferais le tour du bloc en bicycle. Un autre dimanche ennuyant à balconville.  Ah, si on avait eu un char!